Eau et sol, des destins liés
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Sols urbains, forestiers, agricoles, définir les sols par ce que l’on en voit en surface, c’est oublier leurs rôles majeurs au sein de notre écosystème terrestre. Au carrefour d’interactions multiples et complexes entre l’air, l’eau, la roche, la faune et la flore, les sols rendent de nombreux services parfois méconnus. Ainsi état des eaux et état des sols sont profondément liés.
Qu'est-ce que le sol ?
Le sol est une petite partie de l’enveloppe terrestre située en surface et qui s’étend en profondeur de quelques centimètres à rarement plus de deux mètres. Le sol se compose d’éléments solides (minéraux ou organiques), d’éléments liquides (eau dans le sol et éléments solubles) et d’éléments gazeux (constituants de l’air : O2, N2, CO2 et gaz issus de l’activité des animaux du sol et des processus de décomposition).
Ses caractéristiques physiques, chimiques et biologiques varient. La grande diversité des sols est à l’origine d’une grande diversité d’interactions avec l’environnement.
50 à 75 % de la biomasse (masse des organismes vivants) est dans le sol
60 à 90 % de la matière organique totale se trouve dans le sol
25 % des espèces vivantes sont dans les sols
Les sols des fonctions multiples et précieuses
Le sol remplit une multitude de fonctions issues de ses interactions constantes avec le vivant, l’eau et l’air. :
- Le sol participe aux cycles de l’azote (N), du phosphore (P), du potassium (K) et du carbone (C) éléments nécessaires au développement des plantes et des cultures.
- Le sol permet les productions alimentaires.
- Le sol a un rôle important de filtration et de purification de l’eau.
- Le sol a une fonction de zone tampon qui permet de réguler les inondations et les crues.
- Le sol est un lieu de vie, riche en espèces et en êtres vivants. Ainsi la biodiversité souterraine est supérieure à celle qui se trouve en surface.
- Le sol participe au cycle du carbone en stockant et en rejetant le carbone dans l’atmosphère.
- Le sol fournit des matériaux de construction.
- Le sol est un support pour les activités et infrastructures humaines. Il est aussi le témoin de l’histoire…
Ainsi, un sol en bonne santé combinant à la fois une biodiversité abondante, une teneur importante en matière organique, un état chimique équilibré ainsi qu’une structure stable et fonctionnelle va rendre un panel de services à l’écosystème et notamment à l’eau.
Eau et sol, des destins liés
C’est le sol qui reçoit l’eau de pluie et qui en fonction de sa structure et de sa composition va orienter son avenir, lui permettant de rester dans les sols, de s’infiltrer vers les nappes ou de ruisseler. Le sol joue donc un rôle de stockage et d’orientation de l’eau, avec des effets importants sur la quantité d’eau disponible.
Par ailleurs le sol va jouer un double rôle de filtre et de dépollution de l’eau. Les polluants sont dégradés dans les sols selon différents mécanismes : chimiques ou par les micro-organismes. La fixation ou la dégradation dépend de la nature de la substance polluante mais aussi de la composition du sol dont de sa teneur en eau.
L’eau est quant à elle, un élément indispensable de la vie des sols, les éléments liquides représentant 5 à 55 % de sa composition.
Enfin l’eau et le sol sont au cœur de notre système agricole. Les sols en bonne santé permettent « de produire, stocker, transformer et recycler les éléments essentiels dont nous avons tous besoin et qui sont transférés du sol aux plantes, puis aux animaux et à l’environnement au sens large.
Ce sont ces processus et interactions sol/eau/vivant qui rendent possible la production de nos aliments et font leur valeur nutritionnelle, dont dépend notre santé. » source : AFES
Des fonctions mises à mal
La diminution des espaces naturels, la surexploitation des ressources, l’artificialisation et l’imperméabilisation, l’augmentation des pollutions, la salinisation, les pratiques ou phénomènes qui dégradent la qualité des sols sont également celles qui dégradent la qualité et la quantité d’eau disponible.
Les activités humaines, dont l’artificialisation et l’imperméabilisation des sols et certaines pratiques agricoles sont à l’origine de la dégradation des sols et impactent le cycle et l’état de l'eau. Ils génèrent une perte en matière organique, un déclin de la biodiversité, des contaminations ou encore le tassement des sols et le ruissellement de l'eau. Elles contribuent à accélérer le phénomène d’érosion des sols.
Le saviez-vous ?
L'érosion du sol
Les terres et notamment les terres cultivées sont soumises à un phénomène de dégradation de la partie supérieure des sols, partie la plus fertile, riche en matière organique. Cette dégradation s’opère principalement sous l’action de l’eau et du vent. Le phénomène est accéléré par l’activité humaine et notamment par certaines pratiques agricoles ou d’urbanisation.
Le seuil d’érosion forte est fixé à l’échelle nationale à 20 tonnes par hectare et par an. Dans certains secteurs on considère que le phénomène peut être jusqu'à 10 fois supérieur, atteignant les 200 tonnes par hectare et par an.
Rechercher le bon état des eaux est bénéfique au bon état des sols
Au regard des liens étroits entre bon état des sols et bon état des masses d’eau (qualitatif et quantitatif), les actions de l’agence de l’eau contribuent à la protection des sols.
La stratégie du bassin repose sur la mobilisation de multiples leviers d’actions pour garantir l’équilibre quantitatif et la qualité de l’eau et des milieux aquatiques, dont beaucoup passent par la préservation ou la reconquête de sols en bon état.
Elle soutient ainsi la prise en compte des problématiques de l’eau dans le domaine de l’urbanisme et prône une meilleure intégration de l’eau dans la ville par:
- la prise en compte des enjeux de l’eau dans les documents d’urbanisme ;
- la gestion intégrée des eaux de pluies ;
- la renaturation de certains espaces urbains.
Elle promeut la transition des systèmes agricoles et le déploiement des pratiques agroécologiques permettant d’améliorer ou de restaurer les fonctions écosystémiques des sols, par :
- l’augmentation et la complexification des rotations ;
- la couverture des sols ;
- la réduction, voire la suppression du travail du sol ;
- l’augmentation de la matière organique des sols ;
- la plantation de haies…
Des projets ambitieux
L’Agence soutien des projets ambitieux en termes d’acquisition de connaissances (projet Bag’Ages, GIP Transition) et de diffusion de bonnes pratiques (OSAE, AGR’EAU, AGLAE).
Elle soutient des projets de filières par la contribution à la valorisation économique des pratiques agroécologiques, l’accompagnement à la construction de modèles économiques durables et à la promotion d’une agriculture diversifiée et pourvoyeuse de services environnementaux.
Enfin, la nouvelle stratégie Agence pour la protection des captages pour l’alimentation en eau potable dégradés par les pollutions diffuses, vise à répondre aux nouvelles ambitions du SDAGE en termes de qualité des eaux. Elle doit permettre la mise en œuvre d’actions préventives pour l’eau sur ces zones qui contribueront à la préservation des sols.