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Carbonne-Marquefave : au coeur de la dépollution

Publié le

A Carbonne-Marquefave, on visite une station de dépollution des eaux usées à la pointe, et on rencontre ceux qui la gèrent au quotidien. Si vous ne saviez pas ce que devenaient nos eaux usées, et ce que, au passage, vous pouviez faire de mieux pour faciliter leur dépollution, c'est par ici que ça se passe.

STEU Carbonne-Marquefave

Dépolluer : tout un métier !

« Dépolluer, tout un métier »

Une fois vidé l'évier et tirée la chasse d'eau, que deviennent nos eaux usées ?

 La plupart du temps, elles sont redirigées via le réseau d'assainissement vers l'une des quelque 20 000 stations de dépollution que compte le territoire français.

Yannick Rouanet, Responsable du pôle ouvrages au centre Val de Garonne de Réseau 31, nous explique le principe de fonctionnement de ces stations de dépollution : "Une station de traitement des eaux usées est une usine où l'on sépare la partie liquide des boues". Une synthèse qui ne doit pas faire oublier la technicité des outils et procédés déployés dans ces ouvrages, notamment ceux de dernière génération.

Une station moderne et évolutive

C'est dans l'une de ces toutes récentes stations de dépollution que Yannick nous accueille, à Carbonne-Marquefave, où une unité de dépollution a été mise en service en 2019 pour traiter les eaux usées des deux communes dont elle porte le nom. Avant que celles-ci ne soient rejetées dans le milieu naturel, soit ici la Garonne, située à quelques centaines de mètres - à peine
- de la station.
Cette dernière possède une capacité de traitement de 6 000 équivalents-habitants, l'unité de mesure utilisée pour dimensionner les stations. Une capacité qui pourra être augmentée éventuellement à l'avenir. "Cette capacité peut être doublée pour atteindre 12 000 équivalents-habitants, afin de prévoir la croissance démographique des deux communes raccordées", nous explique Yannick.

Dépollution : les grandes étapes

Étape par étape, il nous explique également le fonctionnement de cette jeune station, dans laquelle des pancartes pédagogiques ont été disposées pour permettre aux visiteurs - des sorties scolaires sont prévues - de mieux comprendre ce qui se passe dans les bassins et les tuyaux qui s'entremêlent sur le site.

Pré-traitement

A l'arrivée, les eaux usées des deux communes sont pré-traitées. Durant
cette phase de pré-traitement, on distingue deux étapes :

  • Le dégrillage, durant lequel les déchets qui pourraient gêner le traitement sont mis de côté.
    Quand on leur demande le fléau n°1 du moment, pas d'hésitation du côté des agents qui gèrent la station au quotidien : "Les lingettes qu'on jette dans les toilettes", qui même taxées de "biodégradable" sur leur packaging, n'en sont pas moins très gênantes pour le processus de traitement, et ne se décomposent d'ailleurs pas si rapidement que ça dans le milieu aquatique.
    Le dégrillage sert également à déposer les cartons, papiers et verres qui peuvent se retrouver - intentionnellement ou pas - dans les réseaux d'eaux usées

     

  • Le dessablage-dégraissage, pour éliminer les résidus de sable et autres gravillons qui pourraient endommager les équipements situés en aval, ainsi que les graisses qui limiteraient l'efficacité du traitement des eaux usées

Dépollution et clarification

Vient ensuite l'étape du traitement biologique, soit celle de la dépollution en tant que telle. A ce stade, eau et boues - qui ne sont pas encore séparées - sont envoyées dans un immense bassin d'aération de 1 200 m3.

"C'est un peu le poumon de la station", illustre Yannick. L'analogie est en effet appropriée, car ici, c'est bien l'air - et une bonne dose d'ingénierie - qui joue le rôle de réactif pour enclencher le processus de dépollution.
L'idée est ici d'organiser finement des cycles d'aération et de non-aération des eaux usées au sein-même du bassin. Grâce à ces cycles sont activées des bactéries dites "épuratoires", naturellement présentes dans nos eaux usées, qui consomment les matières organiques polluantes (carbonées, phosphorées et azotées), en les transformant en boues biologiques.

Seul traitement chimique autorisé ici : l'injection de produits contenant des sels métalliques pour permettre l'élimination du phosphore.

Après le bassin d'aération, eaux et boues - désormais dépolluées - sont envoyées dans un autre bassin appelé "clarificateur", en vue - justement - d'être séparées. Sous l'effet de la décantation, les boues se déposent au fond du bassin, tandis que les eaux restent en surface.

Grâce à un traitement mécanique, les boues sont enfin déshydratées et stockées dans un silo. Deux fois par an, ce silo est vidé et son contenu destiné à l'épandage agricole.

La partie liquide, elle, est acheminée vers la Garonne, après une dernière étape d'analyse de sa qualité : "Après le clarificateur, nous faisons des analyses pour être sûr que l'eau est d'une qualité suffisante à son retour en Garonne", explique Yannick.

Et après ?

Une fois rejetée dans le milieu, l'eau n'est pas directement potable. Elle suit le cours d'eau dans lequel elle est envoyée, s'infiltre progressivement dans la nappe phréatique puis est pompée dans une unité de production d'eau potable. Avant de revenir dans nos robinets.
Une unité de dépollution comme celle que l'on trouve à Carbonne-Marquefave est donc essentielle au bon fonctionnement du cycle de l'eau potable.

Rappelons néanmoins que ces installations ne sont pas toutes-puissantes, et ne permettent pas encore, malgré les efforts techniques et humains, de dépolluer totalement nos eaux usées avant leur rejet dans le milieu.
Suite au traitement, les vérifications se limitent en effet aux produits les plus toxiques pour lesquels un seuil de non-dépassement (en termes de volume dans l'eau) a été érigé par voie réglementaire. Or un certain nombre d'autres polluants - avérés mais encore non-réglementés - ne sont pas contrôlés, et passent donc entre les mailles de nos stations de dépollution, et se retrouvent inévitablement dans le milieu aquatique.
Comme les médicaments (rejetés dans les urines par exemple) ou les micro-plastiques, dont on connaît les ravages sur la faune et la flore de nos cours d'eau, et indirectement (quoique, pas tant que ça...) sur la santé humaine.

En matière de qualité de l'eau, la responsabilité - et les gains environnementaux potentiels -, réside encore largement du côté de nos usages domestiques, à ajuster et à améliorer. En tout cas à interroger sérieusement. Au plus vite.

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