Pratiques agricoles vertueuses

L’agriculture est une activité économique majeure sur un territoire rural tel que le bassin Adour-Garonne et, comme toute autre activité anthropique, elle a des impacts sur la qualité et la gestion quantitative des ressources en eau. La politique de l’agence de l’eau en matière de préservation des ressources en eau est d’accompagner la mise en œuvre de pratiques agricoles plus économes en eau et moins utilisatrices de fertilisants et produits phytosanitaires, afin de contribuer aux objectifs du SDAGE (Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux) et à la résilience des territoires face aux effets des changements climatiques.

La gouvernance de la politique de l’eau au sein d’un comité de bassin se fait à travers les commissions thématiques et territoriales permettant aux élus d’échanger dans des temps dédiés sur les nombreux enjeux liés à la préservation de l’eau et des milieux aquatiques. Afin de permettre une vision d’ensemble des usagers de l’eau sur les différents travaux en cours, qui doivent  nécessairement être appréhendées dans leur transversalité, chacune des commissions du comité de bassin Adour-Garonne peut inviter d’autres commissions à se joindre à des journées organisées sous un format  incluant échanges en salle et visites de terrain.

La réunion de la commission technique agricole (CTA) organisée le 28 mars s’inscrit dans cette démarche. Délocalisée dans le Gers, sur l'exploitation d’Alain de Scorraille, agriculteur et membre du comité de bassin Adour-Garonne, cette rencontre était ouverte aux membres de la commission des milieux naturels (CMN), de la commission communication, de la commission technique industrie (CTI) et de la commission technique des usagers domestiques (CTUD). Cette demi-journée leur a permis d’échanger sur les conditions de mises en œuvre de pratiques agroécologiques à l’échelle de cette exploitation de 120 hectares et plus largement sur le bassin Adour-Garonne.

L’agriculture occupe une place prépondérante sur le bassin Adour-Garonne, dont 50 % du territoire sont des surfaces agricoles utiles (SAU). Pour préserver la qualité de l’eau, avoir une gestion équilibrée des ressources en eau disponibles pour l’ensemble des usages et pour maintenir la biodiversité et les paysages de qualité, les nombreux co-bénéfices de pratiques agricoles vertueuses font partie des solutions qui permettront d’atteindre le bon état des eaux en 2027, tout en apportant d’autres co-bénéfices face aux effets du changement climatique (séquestration et stockage de carbone, des sols vivants…).

L’échange sur la mise en œuvre de pratiques agroécologiques était illustré par différents témoignages en salle et sur les parcelles d’Alain de Scoraille : 

• Lionel Alletto, Directeur de recherche à l'INRAE, a présenté les dernières connaissances scientifiques sur les bénéfices des systèmes agroécologiques. Les principaux résultats de l’étude « Bag’ages » (projet de recherche de plus de 5 ans, mené avec l’INRAE, visant à évaluer les effets de l’agroécologie sur l’eau et les milieux aquatiques du bassin Adour-Garonne ont été rappelés.

• Alain De Scorraille, exploitant agricole, a expliqué ce qui l’avait amené à questionner ses pratiques, notamment la forte capacité érosive des sols qu’il travaillait. Il a, alors,  expérimenté, observé  puis mis en œuvre sur l’ensemble de son exploitation des pratiques agroécologiques (sols couverts toute l’année, travail du sol simplifié…), en évoquant les bénéfices, les impasses techniques et les contraintes que cela nécessite.

• La chambre d’Agriculture du Gers a présenté ses actions d’accompagnement des agriculteurs pour intégrer ces pratiques dans les itinéraires techniques des exploitations par la constitution de groupes d’agriculteurs et en leur apportant diagnostics, conseils et retour d’expérience. La Chambre régionale d’Occitanie a quant à elle présenté des projets de recherche et développement sur les thématiques agriculture et conservation des sols.

• La coopérative « Les silos du Touch », filière soja sans OGM alimentaire dans le Gers, était représentée par M. Philippe Dedieu, Responsable filière. Il a pu détailler les relations techniques et commerciales qu’ils ont avec leurs adhérents : contrats avec les agriculteurs, modèle économique, projections de développement dans le contexte du changement climatique puisque la culture du soja nécessite l’utilisation de peu d’intrants (fertilisation, produits phytosanitaires), mais reste  dépendante d’irrigation pour atteindre la qualité protéique requise pour l’alimentation humaine.

• La filière maïs alimentaire était représentée par M. Jonah Ehmann, Directeur des opérations agronomiques, de la société Nataïs, producteur de pop corn, qui s’est exprimé sur les contrats et projets relatifs au stockage du carbone dans le sol et la valorisation de ce stockage réalisé par les agriculteurs (via les cultures intermédiaires) par une rémunération incitative.

Pour en savoir plus sur les programmes et réseaux auxquels l’agence de l’eau Adour-Garonne participe en tant que partenaire et co-financeur :

• Le projet AGLAE (les Agriculteurs partaGent Leurs pratiques AgroÉcologiques) a pour objectif de créer un référentiel de pratiques agroécologiques innovantes en Grande Culture Polyculture Elevage (GCPE), Viticulture et Arboriculture, qualifiées par des experts et basées sur des retours d’expériences identifiés localement chez les agriculteurs de la région Occitanie.

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• Le programme Agr’eau est un programme inclusif construit par et pour les agriculteurs qui œuvre à la préservation des sols et de la ressource en eau par la promotion et le développement de l’agro-écologie en se basant sur 3 principaux piliers : la couverture des sols, la diminution du travail du sol au profit du végétal et la maîtrise de l’utilisation des intrants de synthèse.

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• Forum Eau et Agricultures et Appel à Initiatives Eau et Agricultures du grand Sud-Ouest, lancés par l’Entente pour l’eau en collaboration avec les chambres régionales d’agriculture et la coopération agricole Nouvelle Aquitaine et Occitanie.

  Le forum organisé en 2021 « Eau et Agricultures du grand Sud-Ouest, quelle transition durable pour nos territoires ? », en mobilisant près de 1 000 personnes, a confirmé l’intérêt de rassembler davantage tous les acteurs à l’échelle du bassin Adour-Garonne autour d’une démarche commune.

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Un appel à initiatives a permis de recenser les idées et projets en faveur de l’agroécologie et d’une gestion équilibrée des ressources en eau, y compris les plus novatrices, quel que soit leur niveau de maturité et touchant aux différents maillons de la chaîne des valeurs, de l’amont à l’aval des filières agricoles. Ce sont, au total, 154 projets qui ont été déposés.

Un projet de pacte d’engagement pour la sécurisation de la ressource en eau et la transition agricole en lien avec le changement climatique d’ici à 2050 est en cours de construction. Il réunit l’Entente pour l’eau (Etat, régions, Agence), les chambres régionales d’agriculture, la Coopération Agricole et l’INRAE autour de 5 grandes ambitions qui seront déclinées à travers les engagements des signataires de ce pacte auxquels seront associés les projets retenus dans le cadre de l’appel à initiatives. Ce  pacte sera présenté au comité de bassin du 29 juin prochain.