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Interview de Jean-Michel FABRE , Président du SMEAG

#117

Jean-Michel FABRE, Président du Syndicat mixte d’études et d’aménagement de la Garonne (SMEAG) revient sur l’épisode inédit d’étiage qui touche la Garonne et ses affluents depuis début juillet.

Quel a été le rôle du Syndicat mixte d’études et d’aménagement de la Garonne cet été ?

En période d’étiage, soit durant la période pendant laquelle les débits sont les plus faibles, le SMEAG a pour mission de réalimenter le fleuve en eau afin que son débit ne passe sous un seuil critique pour les usages et les milieux. Pour la Garonne, les lâchers d’eau s’effectuent principalement depuis les grands barrages hydroélectriques du secteur en partenariat avec EDF.

Cette année est la plus sévère jamais connue. A la fin du mois de septembre nous avions déjà lâché plus de 70 % de nos réserves en eau et nous devrons encore tenir jusqu’à la fin du mois d’octobre.

Cet été est qualifié par beaucoup d’exceptionnel. Qu’en pensez-vous ?

C’est du jamais vu. Le SMEAG a du soutenir les débits de la Garonne dès le début du mois de juillet, sur une durée et dans des proportions inédites. En juillet, nous avons dû réinjecter une quantité d’eau équivalente à plus de deux fois le volume maximum jamais lâché.

Ce qui caractérise le plus cet épisode, c’est sa longévité et la conjonction de plusieurs phénomènes météorologiques. Nous avons vu se succéder de fortes inondations en janvier, un niveau de précipitations très bas au mois de mai, et depuis début juin un long épisode caniculaire doublé d’une sécheresse exceptionnelle qui a entrainé la fonte de toute la neige. Et nos efforts ne sont pas terminés,  l’automne risque d’être encore difficile en matière de soutien du débit de la Garonne. Aujourd’hui, comme les agriculteurs, nous espérons la pluie.

S’agit-il d’un événement isolé ?

A ce sujet, il y a aujourd’hui un consensus, ces phénomènes extrêmes ont vocation à se répéter. Ils corroborent même des scénarios que nous avions anticipés dans le cadre d’une démarche prospective sur le bassin de la Garonne pour 2040 - 2050.

Que faire au regard de ces perspectives ?

Tout d’abord, il faut faire en sorte que l’eau reste là où elle tombe. Pour cela, il existe des solutions à adapter en fonction des usages. Dans les zones naturelles, nous pouvons restaurer des zones humides. Dans les zones agricoles, il faut s’efforcer d’avoir une terre susceptible de retenir l’eau. Dans les zones urbaines, il s’agit de ralentir l’écoulement de l’eau, à l’opposé de ce qui a été fait pendant des années (drainage, tuyaux) .Dans tous les cas, les solutions fondées sur la nature nous apportent des clefs fondamentales pour agir. Enfin il faut être en mesure de stocker l’eau le plus possible à tous les niveaux et de mobiliser comme cet été, les réserves.

Par ailleurs et c’est un peu une évidence, il faut économiser l’eau toute l’année et dans tous les secteurs.