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Interview de Cyril Gachelin

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Cyril GACHELIN, Responsable des formations et de l’appui technique, en charge des formations sur la gestion intégrée des eaux pluviales, répond à nos questions.

Espace végétalisé gérant les eaux pluviales d'un parking

L’OIeau mène des actions d’information et de sensibilisation sur la gestion intégrée des eaux pluviales. Pouvez-vous nous expliquer le rôle de l’OIeau ?

L’OiEau est une association indépendante à but non lucratif dont les actions visent à améliorer la gestion de l’eau en France et à l’international. Dans ce cadre et en collaboration avec les Agences de l’Eau Adour-Garonne, Loire-Bretagne et Rhône-Méditerranée-Corse ainsi que la région Occitanie, l’OiEau anime sur les 2 régions du grand sud-ouest des actions sur la gestion intégrée des eaux pluviales.

Mais qu’est-ce que la gestion intégrée des eaux pluviales ? C’est une approche conduisant à changer les pratiques historiques de gestion des eaux pluviales, essentiellement basées sur la mise en place de réseaux de collecte et d’évacuation, en les remplaçant par des techniques plus naturelles ; on parle ainsi de solutions fondées sur la nature (SFN).

Le véritable enjeu de cette approche, est d’avoir un territoire plus résilient face au changement climatique et ses conséquences comme l’augmentation des températures moyennes ainsi que l’apparition plus fréquente des pluies exceptionnelles.

Les actions menées par l’OIeau concernent notamment l’organisation de webinaires pour tous les acteurs de l’aménagement urbain, la valorisation des actions locales et la mise en réseau des acteurs, la réalisation et la transmission d’outils pédagogiques.

Voir ci-après (encadré).

Il existe plusieurs techniques pour limiter le ruissellement des eaux pluviales. Quelles sont ces techniques ?

La meilleure goutte d’eau, c’est celle que l’on ne gère pas ! Les meilleurs techniques sont donc des techniques qui ne génèrent pas d’eaux pluviales.

La première et la plus simple, est de ne pas imperméabiliser nos aménagements urbains ou de limiter au strict nécessaire l’imperméabilisation.

Et ce n’est pas qu’un vœu pieux, puisque la législation française a évolué dans ce sens au mois d’août 2021 grâce à la Loi dite Climat et Résilience qui grave dans le marbre 2 objectifs :

  • atteindre un objectif national d'absence de toute artificialisation nette des sols en 2050,

  • limiter sur la période 2021-2031, la consommation totale d'espace observée à l'échelle nationale à la moitié de celle observée sur les dix années précédentes,

et qui impose à court terme l’obligation de non imperméabilisation de tout ou partie des parkings des centres commerciaux, des cinémas, des bâtiments industriels et à usage de bureaux ainsi que des parking publics, soit lors de leur création, soit lors de leur rénovation lourde.

Ceci permettra de conserver, voire de réintroduire de la pleine terre en ville, c’est-à-dire de la continuité entre la couche de terre superficielle et celle en profondeur et donc de favoriser l’infiltration des eaux pluviales tout en permettant le verdissement de nos aménagements.

La seconde technique consiste à utiliser des matériaux poreux de surface en lieu et place des matériaux étanches et si possible des matériaux permettant une végétalisation de surface.

On retrouvera là encore les mêmes effets bénéfiques que précédemment : l’infiltration des eaux pluviales et le verdissement des aménagements.

De nombreux matériaux poreux de surface existent aujourd’hui sur le marché pour répondre aux différentes sollicitations mécaniques, les maîtres d’ouvrage n’ont donc plus d’excuses pour ne pas les mettre en œuvre !

 

Voirie à sens unique pour limiter l’imperméabilisation

Les techniques visant à limiter le ruissellement des eaux pluviales ont d’autres fonctionnalités et peuvent notamment contribuer à améliorer le cadre de vie

Effectivement, en plus de la gestion purement technique des aspects quantitatifs des eaux pluviales, la gestion intégrée permet aussi :

  • la gestion qualitative. En effet, la majorité des polluants étant arrêtés à la source, c’est-à-dire au niveau de leur production, les milieux aquatiques à l’aval sont mieux préservés et les objectifs de la Directive-cadre européenne sur la reconquête de la qualité des milieux aquatiques plus facile à atteindre.
  • L’adaptation de notre urbanisme au changement climatique, notamment en terme de lutte contre la chaleur urbaine. L’introduction ou la réintroduction de la pleine terre en ville, de la végétation permet de favoriser le verdissement des villes et la création d’îlot de fraicheur.
  • La préservation ou la réintroduction de biodiversité en ville, toujours à travers les espaces végétalisées de gestion des eaux pluviales.
  • La préservation de la santé publique.
  • La création possible d’espaces multifonctionnels comme, par exemple, des aires de sport ou de jeux utilisées comme telles par temps sec et pouvant servir de structures infiltrantes par temps de pluie.

Bref, l’amélioration de notre cadre de vie ! Rien de plus agréable que d’avoir des espaces fleuris, des arbres apportant un ombrage naturel et qui sans que personne ne le sache, gèrent des eaux pluviales, plutôt des espaces entièrement bétonnés.

Vue en thermographie infrarouge

Vue en thermographie infrarouge de l’influence du choix des matériaux de surface sur un parking perméable à Limoges par temps chaud.

Les zones végétalisées en pleine terre ou les revêtements de surface végétalisés (zones bleue) sont à environ 22°C alors que les bétons (zone rouge) sont à plus de 35°C.

Les actions à venir et le replay des webinaires réalisés

OIeau

les actions qui seront menées ces prochaines années

● La réalisation de webinaires d’acculturation à destination des élus, des techniciens, des urbanistes, des paysagistes, des aménageurs, des services de l’État et de tous les autres acteurs intervenants dans l’aménagement urbains ; puis quand la crise sanitaire que nous traversons sera maîtrisée, la réalisation de ces mêmes actions en présentiel et avec des visites de réalisation ;

●La valorisation des actions locales déjà réalisées ainsi que la mise en réseaux des acteurs locaux, afin de faire bénéficier à tous de retours d’expériences concrets. Un site web est en cours de développement ;

● La transmission à travers la mise à disposition de documents ciblés ou de matériel pédagogique pour faciliter la prise de conscience collective.

Retrouvez le replay de différents webinaires réalisés par l'OIeau :

Exercice de la compétence gestion des eaux pluviales urbaines :

https://vimeo.com/545044953/c1b9fb6dbf

Retours d'expériences en milieu rural dans les départements des Pyrénées-Atlantiques et Hautes-Pyrénées :

https://vimeo.com/557595235/ea94e05d84

Retours d'expériences en milieu urbain dans les départements des Landes et Hautes-Pyrénées :

https://vimeo.com/568894762/fbcec10643

Retours d'expériences dans le département de l’Hérault  :

https://vimeo.com/571646195/fe5ab6bf1b