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Bassin Adour-Garonne

Eau et climat : les décisions et actions d’aujourd’hui auront un impact considérable sur la trajectoire que nous emprunterons dans l’avenir

#132

Edito de Laurent Verdié, Directeur Planification, Évaluation, Programme, Prospective, Études et Recherche

Depuis l’adoption du Plan d’adaptation au changement climatique en 2018, la contribution de la politique de l’eau du bassin à l’atténuation de ses effets et à l’adaptation à ses impacts est acquise. L'intégration de ce plan d’action au SDAGE 2022-2027 a permis d’élever ces enjeux à une échelle stratégique et de leur conférer une portée réglementaire. Le Plan d'adaptation a été actualisé en 2023, mais les résultats du programme Explore 2 étaient fortement attendus pour compléter la connaissance scientifique des effets du changement climatique. 

Les premiers résultats viennent d’être rendus public. Ces données convergent et confirment l’accélération et l’intensification de l’impact du changement climatique sur l’eau en France et dans le grand Sud-Ouest.

Le réchauffement global de la France en fin de siècle y est estimé à + 4 °C par rapport à la période de référence 1976-2005. 

À l’échelle du bassin, les données viennent confirmer ce que nous entrevoyions déjà. Le grand Sud-Ouest est extrêmement exposé. Il connaitra une hausse plus importante de la température que la moyenne nationale, en particulier sur la chaine pyrénéenne où elle pourra atteindre les + 6° C en 2100. 

En ce qui concerne les précipitations, les modèles projettent différentes évolutions. La France apparait coupée en deux. Le nord connait des écarts saisonniers forts avec une hausse de plus 24 % des précipitations en hiver et une baisse de 23% en moyenne en été.  Dans le Sud, ce ratio devient négatif du fait d’une hausse plus limitée des précipitations en hiver +13 % et d’une forte baisse en été pouvant atteindre jusqu’à moins 30 % dans notre bassin.  

Du fait de la hausse des températures moyennes qui va notamment générer une hausse de l’évapotranspiration de l’eau par les végétaux, mais aussi des évolutions des précipitations en quantité et en régime (il n’y aura plus de neige sur le massif pyrénéen en 2100), l’hydrologie de notre bassin va connaitre des modifications radicales. 

Le Sud-Ouest est identifié comme la zone dans laquelle les débits en été seront les plus touchés. Ils seront divisés par deux d’ici la fin du siècle, certains scenarios conduisant même à une diminution de 60%. Les assecs seront plus nombreux.  Les sécheresses seront aussi plus fortes et plus fréquentes...

Ces résultats doivent maintenant être appropriés et utilisés par notre communauté d’acteurs de l’eau ; ils vont permettre d’actualiser notre connaissance et nous imposent d’intensifier notre action pour nous préparer à cette vision de l’avenir. N’oublions pas que les enfants qui naissent aujourd’hui vivront pleinement les années 2100…

Ces connaissances plus fines seront prochainement déclinées pour nous permettre d'identifier les fragilités spécifiques de nos territoires. L’Agence et ses partenaires vont produire des cartes illustrant les vulnérabilités par sous-bassins.  Elles seront un outil pour les décideurs dans l'élaboration de stratégies pertinentes d’aménagement local. 

Le 12ème  programme d’intervention de l’Agence sera le moteur de cette transformation et accompagnera les transitions nécessaires dans nos manières de produire, de consommer, mais aussi d’habiter notre bassin. Les décisions et actions qui seront mises en œuvre sur la période du 12ème programme 2025-2030 auront un impact considérable sur la trajectoire que nous emprunterons dans l’avenir ; c’est le dernier rapport du GIEC qui le dit : la décennie 2020-2030 sera décisive.